Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/456

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§63. — Cette cruauté qu’il y a dans les Plaideurs. C’est dans la comédie que ça se voit bien. Justement parce qu’elle est moins sous les armes. Et cette grâce au contraire, cette noblesse qu’il y a dans le Menteur et dans la Suite du Menteur. Dans les Plaideurs la cruauté est même sarcastique et a déjà comme une résonance moderne.

§64. — Le drapement n’est point l’ossature et l’articulation.

§65. — La force de (la) grâce de Corneille est telle qu’elle n’effectue pas seulement cette célèbre purgation des passions que disaient, que voulaient les anciens ; cette purgation des caractères et des mœurs. Mais elle va jusqu’à ce point qu’elle effectue la purgation de l’événement même.

§66. — Ce retard de trois ans de Phèdre, cet espacement, ce premier espacement fut la première indication qu’il y avait quelque chose de changé, quelque chose de rompu, que le rythme, annuel, était rompu ; et cet avertissement lui-même était numérique, chronologique. On put comprendre après qu’il avait marqué une première détente, l’avant-dernière détente, le commencement, le premier coup de la rupture du rythme ; qu’il avait signifié qu’après cet avertissement l’œuvre elle-même allait se rompre. Que la dernière détente serait la rupture même.

§67. — Les tragédies de Racine sont des sœurs séparées alignées qui se ressemblent. Les quatre tragédies de Corneille sont une famille liée.