Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/488

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qu’alors ils ne savent pas. Il est très remarquable que les ignorants vont toujours aux mathématiques, comme à une science merveilleuse, comme à une science plus que science, comme à tout ce qu’il y a de plus savant, monsieur. Ils ont cette secrète assurance, et ils en tiennent compte dans leur conduite, pour être les plus savants, savants au suprême, au dernier degré, pour être (les) plus savants que tout le monde, ils ont cette sourde, cette officielle conviction que les mathématiques sont plus scientifiques que la physique, les physiques plus scientifiques que la chimie, les chimies plus scientifiques que la biologie. Ayant entendu parler vaguement de ce classement, de cette classification des sciences, de cette (célèbre) classification d’Auguste Comte. Si justement célèbre au baccalauréat. C’est tout ce qu’ils ont retenu, tout ce qu’ils ont appris, tout ce qu’ils ont compris de la classification d’Auguste Comte. Ils sont convaincus que ça forme ainsi une série (purement) linéaire, et confondant, (car cette classification même d’Auguste Comte, dont ils ont entendu parler, qu’ils connaissent par ouï-dire, eux les amateurs de sources, les buveurs d’eau de source, cette classification même il n’y entendent rien, ils ne la connaissent, ils ne l’interprètent qu’à contre sens), et confondant donc l’abstrait dans cette classification même, pris dans cette classification même, confondant l’abstrait avec le scientifique ils sont convaincus que ça veut dire, que cette linéarité consiste à être une linéarité de scientifique, qu’en remontant la ligne, la série, la série linéaire chaque étape, chaque degré est, fait un progrès de scientifique, que la série, que la progression