Page:Peguy oeuvres completes 06.djvu/194

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LE M ^ S T K R E Vous vous apercevez que vous ne le savez plus. Et non seulement cela, mais que vous ne pourrez plus

le retrouver.il s’est évanoui de votre mémoire. C’est une eau trop pure qui a fui de votre sale mémoire,

de votre mémoire souillée. Qui a voulu fuir, qui n’a pas voulu y rester. Vous vous rendez très bien compte qu’il était à une

certaine place, qu’il avait un certain goût, Qu’il était là, qu’il occupait cette certaine place, qu’il

était dans cette région, qu’il tenait cette place, qu’il

avait un certain volume. Mais vous avez la sensation

nette Qu’il est parti ou plutôt qu’il est reparti et qu’il ne

reviendra jamais plus. Que d’ailleurs vous étiez parfaitement indigne Qu’il demeurât et vous restez bouche bée et vous avez

parfaitement la sensation Que vous seriez parfaitement incapable de le retrouver. C’est-à-dire de le faire revenir, Parce que c’est d’une tout autre qualité d’âme.

Et vous le sentez bien, que c’est ainsi, que c’est juste, et que rien n’y reviendra, et que rien n’y fera plus. Et que c’est votre ancienne âme, ô hommes, qui a pas.sé,

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