Page:Peguy oeuvres completes 06.djvu/45

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Et qu’il sera de mon gouvernement
Comme les autres.
Et qu’il sera sous mon commandement
Comme les autres.
C’est tout ce qu’il vous faut. Pour le reste, attendez.
J’attends bien, moi, Dieu. Vous me faites assez attendre.
Vous me faites assez attendre la pénitence après la faute.
Et la contrition après le péché.
Et depuis le commencement des temps j’attends
Le jugement jusqu’au jour du jugement.
Je n’aime pas, dit Dieu, l’homme qui spécule sur demain.
Je n’aime pas celui qui sait mieux que moi ce que je vais faire.
Je n’aime pas celui qui sait ce que je ferai demain.

Je n’aime pas celui qui fait le malin. L’homme fort ce n’est pas mon fort.

Penser au lendemain, quelle vanité. Gardez pour demain les larmes de demain.

Il y en aura toujours assez.
Et ces sanglots qui vous remontent et qui vous étranglent.

Penser à demain, savez-vous seulement comment je ferai demain.

Quel demain je vous ferai.
Savez-vous si moi-même je l’ai arrêté encore.
Je n’aime pas, dit Dieu, celui qui se méfie de moi.

Croyez-vous que je vais m’amuser à vous faire des attrapes, comme un roi barbare.

Croyez-vous que je passe ma vie à vous tendre des pièges et à prendre plaisir à vous voir tomber dedans.