Page:Peguy oeuvres completes 06.djvu/49

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Mon fils qui les a tant aimés, qui les aime éternellement dans le ciel.

Il a bien su ce qu’il faisait ce jour-là, mon fils qui les aime tant.

Quand il a mis cette barrière entre eux et moi, Notre Père qui êtes aux cieux, ces trois ou quatre mots.

Cette barrière que ma colère et peut-être ma justice ne franchira jamais.

Heureux celui qui s’endort sous la protection de l’avancée de ces trois ou quatre mots.

Ces mots qui marchent devant toute prière comme les mains du suppliant marchent devant sa face.

Comme les deux mains jointes du suppliant s’avancent devant sa face et les larmes de sa face.

Ces trois ou quatre mots qui me vainquent, moi l’invincible.

Et qu’ils font marcher devant leur détresse comme deux mains jointes invincibles.

Ces trois ou quatre mots qui s’avancent comme un bel éperon devant un pauvre navire.

Et qui fendent le flot de ma colère.
Et quand l’éperon est passé, le navire passe, et toute la flotte derrière.
Actuellement, dit Dieu, c’est ainsi que je les vois ;
Et pour mon éternité, éternellement, dit Dieu,

Par cette invention de mon Fils éternellement c’est ainsi qu’il faut que je les voie.

(Et qu’il faut que je les juge. Comment voulez-vous, à présent, que je les juge.

Après cela).
Notre Père qui êtes aux cieux, mon fils a très bien su s’y prendre.