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ŒUVRES POSTHUMES

Dans Va/freux cimetière, Paris tremble, ô douleur, ô misère! Dans l'affreux cimetière Frémit le nénuphar.

Et comme nous retrouvons ici une fois de plus qu'il suit partout et toujours longtemps et longuement les mêmes veines, qu'il vit avec des arrières-pensées, constantes, qu'il essaye vingt fois, cent fois un effet, un mot, une image, une idée même, un mouvement, un ton, une vague avant d'aboutir, avant de réussir, avant de parvenir. Avant d'obtenir. Avant de recevoir cette forme éminente, cette image éclatante, cette réussite finale, définitive, cet aboutissement, cet exem- plaire unique, cet exemplaire parfait, cette frappe qui pour chacune de ses veines seule est demeurée par dessus les mémoires de toutes ses sœurs) :

Que dans le cimetière où le cyprès frissonne, Entendant le clairon du jugement qui sonne, Tous ces assassinés s'éveillaient brusquement, Qu'ils voyaient, Bonaparte, au seuil du firmament, Amener devant Dieu ton âme horrible et fausse, El que, pour témoigner, ils sortaient de leur fosse. Montmartre ! enclos fatal ! quand vient le soir obscur, Aujourd'hui le passant évite encor ce mur.

Dans le même ordre d'idée, dit-elle, il faut voir une 230

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