Page:Peguy oeuvres completes 08.djvu/73

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d’un espalier temporellement infini, un progrès perpétuellement croissant s’inscrirait en une courbe perpétuellemement montante. Je ne veux point me donner le ridicule, mon ami, de refaire l’Essai sur les données immédiates, ni de le retrouver, ni de le découvrir. Ni Matière et Mémoire. Et je le voudrais, n’est-ce pas, que je ne le pourrais point, puisqu’on ne l’avait pas pu, et que l’on ne l’avait pas fait jusqu’à lui, et ce sont de ces découvertes, mon petit, que l’on ne fait pas deux fois. Mais il est singulier; il est incroyable; et il est merveilleux comme on ne peut pas travailler dans ces régions, poursuivre des recherches et des élaborations dans une certaine matière sans retomber sous l’éclairage des clartés qui nous sont projetées pour toujours de ces grandes découvertes. Particulièrement en la matière qui nous a retenus, le temps homogène et le temps spatial nous le connaissons, mon ami, le temps figuré, le temps imaginé, le temps fictif, le temps dessiné, le temps feint, le temps géométrique, mathématique : c’est très précisément justement le temps de la caisse d’épargne et des grands établissements de crédit, le temps que depuis l’école primaire nous savons si fraternellement faire figurer dans les règles de trois et dans les calculs d’intérêt : une échelle d’intérêts ; monsieur, il faut multiplier le temps par le taux et diviser par 100 ; c’est le temps de la marche des intérêts rapportés par un capital ; c’est le temps des traites, et des effets de commerce, et des anxiétés des échéances ; temps bien véritablement homogène, puis-