Page:Pellerin - Le Bouquet inutile, 1923.djvu/17

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La maquerelle met des bas
À la Vénus Pudique ;
L’enfant latin parle tout bas
De lever sa tunique ;

Barbe-Bleue est l’amant repu
De ses assassinées ;
Le succube prit ce qu’il pût
De deux hallucinées…

Mais toi, qui gardera ta bouche
Et vaincra ton baiser,
Ta bouche où le baiser se couche
Et meurt sans s’apaiser ?


… Dois-je l’écrire le premier ? On n’a pas fait encore à Jean Pellerin la place qu’il méritait d’avoir et qu’il aura parmi tant de poètes où seuls, peut-être, Guillaume Apollinaire et quelques-uns de ses amis le mettaient malgré lui. Comment l’aurait-on fait ? Jean Pellerin n’était pas glorieux. Il n’avait de souci que de ses sympathies, de son travail et de son empressement à rendre service à tous. Plus que ses vers, il chérissait la poésie ; plus que l’ambition, le talent et il a malheureusement fallu sa fin pour que ceux qui l’aimaient le plus et l’admiraient pussent trouver dans le souvenir qu’il leur laisse et dans ce mince volume de vers qu’un soin pieux m’a fait pour eux seuls assembler, la preuve incontestable qu’ils n’aimaient pas ni n’admiraient à tort Jean Pellerin.

Francis CARCO.