Page:Pelletan - La Semaine de Mai.djvu/417

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journées de Juin ; et puisqu’il s’agit ici de la « répression » de mai 1871, étudiez les origines, si mal connues, du 18 mars ; vous verrez qui a désiré, amené l’appel à la force, et vous pourrez juger si le proverbe est vrai qui dit : « Is fecit cui prodest. » — « L’auteur de la guerre civile est celui qui en a profité. »

Les guerres civiles sont mortelles à la République ; et c’est là ce qui impose l’amnistie à tous les bons citoyens, car il n’y a qu’une façon de prévenir les guerres civiles de l’avenir, c’est d’effacer celles du passé. Voilà pourquoi l’oubli est nécessaire. Et puisque ce mot vient sous ma plume, une explication est indispensable. On m’a reproché, comme une contradiction, de demander l’oubli en commençant par rappeler les souvenirs du massacre. C’est là faire un jeu de mots bien misérable. L’oubli politique, l’effacement politique qui est contenu dans l’amnistie n’a jamais consisté à déchirer une page de l’histoire. Il serait trop absurde de prétendre faire un tel vide dans la mémoire des hommes. Quand les États-Unis ont amnistié la rébellion sudiste, ont-ils eu la pensée de joindre à leur amnistie une interdiction d’écrire l’histoire de la guerre de Sécession ? Quand la Révolution essayait d’apaiser, par des amnisties répétées, le souvenir des événements sanglants qu’elle avait traversés, qui pouvait se flatter de faire disparaître ces événements de nos annales ? La curiosité qui porte un peuple à chercher à connaître, à vérifier, à discuter chaque événement de son existence, est non seulement inévitable, mais nécessaire.

En quoi donc consiste l’amnistie ?… Les événements que la France a traversés sont de deux sortes diverses : suivant qu’ils sont relégués définitivement dans l’Histoire, de façon à ne plus fournir au présent que leurs enseignements ; ou qu’ils sont encore actuels, et par