Page:Pelletan - Le Monde marche.djvu/12

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la colline le Dieu de la paix, le Dieu de la vie, le Dieu de la moisson, le Dieu de la pensée. Vous plongez votre âme dans l’infini, l’infini vous enveloppe, vous pénètre, vous exalte, revêt en vous une forme, éclate en strophe, parle par votre voix, et la France a enfin une poésie.

Un souffle nouveau passe dans l’atmosphère et purifie la lèvre de la jeunesse. À coup sûr c’est là un progrès, ou le mot de progrès n’a pas de sens ; car personne au monde, ni en France, ni ailleurs, n’avait parlé avant vous, comme vous, la langue sacrée du lyrisme.

C’est bien ; vous avez fait votre œuvre ; vous avez mis votre part de côté, vivez sur cette part, que vous faut-il encore ? Ce qu’il vous faut ? un rayon de plus à votre auréole.

La révolution de Juillet pose une fois de plus le problème de la démocratie. Mais au moment de conclure, elle hésite, elle a peur d’avoir pour le peuple français plus d’ambition qu’il n’en a pour lui-même. Après avoir jeté la couronne à bas de la tête d’un vieillard tombé en dévotion, et après l’avoir brisée, elle la ramasse morceau à morceau, et la remet telle quelle sur la tête d’un roi de circonstance. Mais cette royauté du dernier quart d’heure n’était pas une solution ; ce n’était qu’un ajournement. Un instant ou l’autre la question devait renaître, car l’histoire a sa logique ou, si vous aimez mieux, sa probité. Lorsqu’elle a mis une fois un principe en avant, elle le maintient toujours, quand même, à travers toute espèce de contradiction comme à travers toute espèce de surprise.