Page:Pelletan - Le Monde marche.djvu/228

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gine, toute capitale de la navigation était une presqu’île par raison de sécurité, était évidemment trop étroite pour enfermer entre ses murs tous les secrets de la civilisation. C’était un détail du progrès, ce ne pouvait être le progrès dans sa merveilleuse variété.

L’art avait à dire son mot à son tour. L’humanité, grâce au génie des civilisations antérieures, avait déjà conquis assez d’instruments d’existence pour avoir le droit de consacrer une partie de ses forces aux divines satisfactions de l’esprit. La Grèce parut à l’horizon de l’histoire. Race et terre, tout ici est merveilleusement combiné d’avance pour résumer les progrès accomplis de l’humanité et les porter, par l’art, à leur suprême degré de perfection.

Déployée en éventail sur la Méditerranée, entourée d’îles de tous côtés, comme Amphitrite de ses syrènes ; fermée au nord contre les invasions étrangères par les défilés de la Thessalie, découpée de toutes parts de montagnes, semée de prairies et de forêts, de carrières de marbre et de mines de métaux, la Grèce, géographiquement considérée, portait dans son territoire tous les matériaux de toutes les civilisations, et faisait face en même temps à tous les points déjà civilisés. Elle représentait aussi les divers états de l’homme par les diverses aptitudes de ses populations : pastorale en Arcadie, agricole en Messénie, commerçante à Corinthe ; commerçante, fabricante, artiste et philosophe à la fois à l’ombre de l’Acropole d’Athènes. Mais si admirablement privilégiée que