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Parfois les accidents sont dus autant à la négligence qu’à la malpropreté. Dans certaines familles ouvrières, lorsque la femme est parvenue à se délivrer elle-même de la grossesse, on en profite pour négliger les précautions. C’est ainsi que des femmes se font avorter deux ou trois fois par an, avec des instruments mal nettoyés. Naturellement, les métrites, les salpyngites sont la règle. Il ne faut pas oublier que l’avortement ne saurait jamais être qu’un pis-aller.

Il est des cas où les accidents sont immédiatement très graves. La canule à lavements est malpropre, mais elle a l’avantage d’être mousse, ce qui n’est pas le cas des tringles à rideaux, des aiguilles à tricoter, des épingles à chapeaux, des tire-boutons, des tisonniers que les femmes emploient parfois pour se délivrer. En commettant ces imprudences, elles vont au devant d’une péritonite mortelle.

L’avortement n’est plus, comme autrefois, un fait exceptionnel ; c’est, on peut le dire, la règle, et dans toutes les classes de la société. Aujourd’hui, la jeune fille de la bourgeoisie qui commet « une faute » et devient enceinte ne songe plus au suicide ; elle songe à se faire avorter. Le plus souvent les parents ne remarquent rien ; comme la jeune fille a au moins une chambre pour son