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sait, profite à l’accusé. Le petit nombre des jeunes hommes honnêtes et bons qui ne peuvent se résoudre à faire pleurer, suivaient l’autre voie ; ils adoptaient l’enfant et épousaient la mère, mais que de déboires ensuite ; ils avaient souvent à expérimenter, à leur dommage, le peu de vérité du proverbe, d’après lequel la vertu est toujours récompensée. Jenny l’ouvrière est gentille à vingt ans, avec sa robe bâclée et son chapeau à fleurs. Ses ignorances, la vulgarité de son langage, ses grossièretés mêmes, semblent charmantes à l’étudiant au bras duquel elle part pour la promenade. Dans son orgueil mâle, il a plaisir à dominer cette belle enfant de son éducation supérieure et de sa caste. Mais comment, ensuite, introduire dans son milieu à lui cette « ménagère » élevée pour un milieu tout autre. Les bourgeoises ne sont pas tendres, elles feront sentir cruellement à la pauvre intruse tout ce qui lui manque ; si bien que celle-ci préférera s’isoler et isoler son mari. Combien de jeunes hommes, pour avoir ainsi cédé à la justice et à la bonté, ont dû renoncer aux situations brillantes auxquelles leurs capacités leur permettaient d’espérer, retenus dans la médiocrité par leur mariage.

L’avortement permet aux amants de se montrer généreux à peu de frais ; aussi insistent-ils