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Les partisans de la repopulation (pour les autres) sont des gens qui regardent vers le passé ; l’homme à l’esprit libéré doit regarder vers l’avenir. Il est incontestable que la dépopulation mettrait le pays en état d’infériorité dans le cas d’une guerre avec un pays à population plus forte. Mais il est vrai aussi que la guerre disparaît des mœurs ; quarante et un ans de paix européenne sont là pour le démontrer.

Le nombre des naissances diminue, en France un peu plus qu’ailleurs, il est vrai, mais il diminue dans toute l’Europe. Restriction volontaire et civilisation marchent de pair. Quel que soit le pays, dès que l’homme est assez développé intellectuellement et moralement pour avoir pour sa femme d’autres sentiments qu’un désir brutal, il se refuse à l’accabler de grossesses, et la femme, prenant conscience de sa valeur, cherche à n’être plus exclusivement une procréatrice.

Si la France est moins prolifique que les nations qui l’entourent, cela est tout à son honneur ; elle joue le rôle d’un précurseur dans une voie où on la suivra, où on la suit déjà.

L’enfant dont on a empêché la naissance par un avortement n’est pas à regretter. On ne le désirait pas, au grand banquet de la vie, comme aurait dit Malthus, il n’y avait pas de place pour lui ; il aurait