Page:Pelletier - Le Droit a l avortement.pdf/6

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famille ou d’un homme, elle réclame avant tous ses autres droits, le droit à l’amour.

Certes, l’amour physiologique n’a rien de relevé ; cependant, relevé ou non, il est permis à l’homme, pourquoi le refuser à la femme ?

Qui, cependant, dénie à son sexe le droit à l’amour, en vient à se dire celle que l’habitude de penser dégage peu à peu du préjugé reçu. La loi ? Nullement. La seule barrière qui retient la femme dans la chasteté est une barrière morale, et les barrières morales sont faciles à briser ; il suffit de le vouloir.

En réalité, les prescriptions de la loi non écrite ne sont pas sans puissance. La pratique de l’amour libre entraîne pour la femme toutes espèces de chagrins, du fait de l’opinion générale contraire. Les hommes sont sans respect ; les familles ferment leurs portes. La femme, cependant, se résout de plus en plus à l’amour libre ; elle préfère endurer le mépris et satisfaire ses sens, et puis, si l’émancipation économique est déjà en partie réalisée pour elle, la vie extérieure lui demeure encore fermée. Les lieux de distraction ne s’ouvrent pas à la femme seule, ou, s’ils sont ouverts, l’accueil qui lui est fait là est tel que son désir est de s’en aller au plus vite. Cependant, on ne peut pas toujours travailler, rester à