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coudre ou à lire dans sa chambre ; aussi, pour pouvoir sortir, l’employée, la fonctionnaire, l’étudiante prennent des amants.

Les mœurs, d’ailleurs, évoluent un peu à cet égard, et ces femmes qui, pour être des amantes, ne sont pas des entretenues, contribuent à l’évolution. Elles ne se comportent pas, en effet, comme les autres, les prostituées ou demi-prostituées ; dans leurs relations, elles mettent une certaine dignité et chacun commence à comprendre que, bien qu’elle ait un amant, une femme peut quand même être « honnête », du moment qu’elle vit honorablement de ses revenus ou de son travail.

L’amour tend donc vers l’égalité ; il n’est plus le bien unique de l’homme ; la femme veut en prendre sa part, une part active. Le rôle féminin, pour être inverse du rôle masculin, n’est en aucune manière dégradant.

Cependant, un obstacle, d’autant plus puissant qu’il n’est pas d’ordre social, mais d’ordre naturel, se dresse devant la femme qui veut satisfaire sans entraves à sa sexualité, c’est l’enfant.

La perspective de l’enfant replonge la femme qui s’était libérée par la culture intellectuelle ou le travail, dans toutes les servitudes du passé. Comment parler d’égalité en amour alors que, l’homme s’en allant libre, le besoin satisfait, la femme doit assurer la maternité. La maternité