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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

V

La mort, telle que nous la voyons, est, ainsi que la naissance, un mystère de la nature[1] : ici, combinaison des mêmes éléments ; et là, dissolution d’éléments toujours les mêmes. Dans tout cela, il n’y a rien absolument qui puisse révolter un être doué d’intelligence, ni qui contredise le plan raisonné du système entier[2].

VI

Telles conséquences devaient de toute nécessité, dans l’ordre de la nature, sortir de tels principes. Ne pas vouloir qu’il en soit ainsi, c’est vouloir que la figue n’ait pas de suc[3]. En un mot,

    hommes, où nous n’adoptons pas tel ou tel coin, mais où nous mesurons notre cité par le cours entier du soleil ; l’autre, à laquelle nous attache la condition de notre naissance. » Du repos du sage, ch. XXXI.

  1. Un mystère de la nature. Il est à remarquer que cette grande question de la naissance et de la mort n’a guère été traitée que par les religions. La philosophie, sauf le stoïcisme et Sénèque, l’a généralement négligée, malgré toute son importance.
  2. Le plan raisonné du système entier. Dans les choses inaccessibles à notre raison, le mieux est encore de s’en fier à la Providence, infinie en bonté comme en justice, et de reconnaître avec humilité les bornes infranchissables de notre entendement fini et insuffisant.
  3. Que la figue n’ait pas de suc. Il est assez probable que