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LIVRE V, § XIV.

qu’ils sont sortis. Ainsi, chacune des parties qui me composent se convertira, par le changement, en une partie de l’univers. Celle-là se changera encore en une partie différente ; et ainsi de suite à l’infini[1]. C’est précisément un changement de cet ordre qui m’a fait être ce que je suis[2], qui a produit également nos parents, et qui se poursuit indéfiniment aussi loin qu’on veuille remonter. C’est là une vérité incontestable ; ce qui n’empêche pas que le monde ne soit soumis dans son organisation à des révolutions périodiques[3] et régulières.

XIV

La raison et l’art qui enseigne à raisonner[4] sont des facultés indépendantes, qui se suffisent

    assez nettement sur ce point ; et le destin qu’il semble préparer à l’âme ne semble pas différer du néant, quoi qu’il en dise.

  1. Et ainsi de suite à l’infini. Ceci n’est vrai que pour la partie matérielle de notre être.
  2. Qui m’a fait être ce que je suis. C’est vrai ; mais le changement lui-même a dû avoir une origine ; et il faut toujours remonter à la première cause, c’est-à-dire, à Dieu.
  3. À des révolutions périodiques. Nous devons le croire ; mais l’expérience des hommes est encore si courte que la science ne saurait déjà se prononcer. Ce qui est certain, c’est que le monde est soumis à des lois constantes et éternelles.
  4. La raison et l’art qui enseigne à raisonner. Ce paragraphe ne se rattache ni à ce qui précède, ni à ce qui suit. Il est sans doute déplacé ; et par le sujet qu’il traite, il est tout à