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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

à elles-mêmes et qui suffisent aux opérations qui en relèvent. Elles partent d’un principe qui leur est propre, et elles marchent vers le but spécial qu’elles se proposent. C’est là ce qui fait qu’on les appelle les Directrices de l’esprit, parce qu’en effet elles nous montrent la voie qu’il faut directement suivre.

XV

On ne doit pas regarder comme faisant partie de l’homme une seule des choses qui n’appartiennent pas essentiellement à l’homme[1] en tant qu’homme. On ne doit pas attendre de telles choses de lui ; sa nature ne les promet pas ; et elles ne sont pas davantage des perfectionnements de la nature humaine. Ce n’est donc pas dans ces choses-là que gît et que se trouve le

    fait étranger à la série des pensées ordinaires de Marc-Aurèle. L’idée n’en est pas très-juste ; car la logique n’apprend guère à raisonner ; elle apprend bien plutôt comment on raisonne. Voir ma préface à la traduction de la Logique d’Aristote.

  1. Des choses qui n’appartiennent pas essentiellement à l’homme. La pensée est peut-être exprimée d’une façon obscure ; mais elle n’en est pas moins juste. C’est toujours la distinction des vrais et des faux biens, des biens extérieurs et des biens de l’âme. Ce sont ces derniers qui appartiennent exclusivement et essentiellement à l’homme. Marc-Aurèle aurait mieux fait de les énumérer les uns et les autres, pour que la distinction fût