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AVANT-PROPOS.

Les stoïciens de l’empire romain ont cet incomparable mérite de n’avoir rien demandé qu’à la raison et à la pratique de la vie. Ils couronnent et ils achèvent un progrès qui commence à Pythagore et qui aboutit à eux, en passant par Socrate et Zénon. Ce sont sept à huit cents ans d’élaboration ininterrompue ; et le génie grec, sculptant la statue morale de l’homme, arrive enfin à une perfection qui égale en beauté l’art de Phidias, et qui le dépasse de toute la supériorité de son modèle, l’âme à la place du corps.

On accuse le Stoïcisme d’orgueil et d’insensibilité ; et notre Pascal s’est fait l’écho de ces accusations, qui, dans sa bouche, sont devenues plus retentissantes sans être plus justes. Pascal va cependant jusqu’à dire qu’Épictète mériterait « d’être adoré, si, connaissant si bien les devoirs de l’homme, il avait aussi bien connu son