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LIVRE VII, § IX.

ton but, c’est d’accomplir le devoir qui t’incombe, comme un soldat qui monte à l’assaut. Eh bien, que ferais-tu si, blessé à la jambe[1], tu ne pouvais à toi seul franchir la brèche, mais que tu le pusses grâce au secours d’un autre ?

VIII

Que l’avenir ne te trouble pas[2] ; tu l’aborderas, s’il le faut, en portant dans tout ce qu’il te réserve cette même raison qui t’éclaire sur les choses du moment.

IX

Toutes les choses sont entrelacées entre elles ; leur enchaînement mutuel est sacré ; et il n’est rien pour ainsi dire qui soit isolé de toute rela-

    reur, aussi sérieux dans l’accomplissement de ses devoirs, devait sentir plus que personne l’absolue nécessité d’auxiliaires. Avoir à régir le monde romain était un fardeau accablant ; et, même en choisissant les ministres les plus habiles, on pouvait sentir encore combien on restait au-dessous de sa tâche.

  1. Blessé à la jambe. Image frappante et très-naturelle.
  2. Que l’avenir ne te trouble pas. Conseil très-pratique, qui s’appuie surtout sur la confiance en la bonté de Dieu. Le motif qu’en donne Marc-Aurèle est excellent aussi, et ne contredit en rien la ferme croyance à la Providence divine.