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LIVRE VII, § LV.

pieuse obéissance aux Dieux, la destinée qui t’est faite présentement ; te conduire selon la justice envers les hommes avec qui tu vis à présent ; enfin, soumettre l’idée présente que tu as à un examen qui en éloigne toute erreur.

LV

Ne regarde pas à ce que font les autres[1], sous la conduite de leur propre raison ; mais dirige exclusivement tes yeux sur la route que te trace la nature : et d’abord, la nature de l’univers, manifestée par les événements qui t’arrivent ; et ensuite, ta nature personnelle, qui se manifeste par les devoirs que tu as à remplir. Or, pour tout être, le devoir est la conséquence de l’organisation[2]. Mais c’est en vue des êtres doués de raison que tous les autres êtres ont été faits, d’après le princ-

  1. Ne regarde pas à ce que font les autres. Voir plus haut, liv. V, § 25. C’est une des recommandations les plus pratiques que la philosophie puisse nous faire. Ce n’est pas là du tout s’isoler de ses semblables ; mais c’est uniquement ne point se mêler des affaires qui ne regardent qu’eux. Que de discordes, que de haines, que de conflits n’évite-t-on pas en s’abstenant de propos malveillants ou d’inquisitions déplacées !
  2. La conséquence de l’organisation. J’ai laissé à la traduction le vague que présente aussi l’expression du texte. On peut entendre à la fois et l’organisation universelle des choses, et l’organisation parti-