Page:Pensées de Marc-Aurèle, trad. Barthélemy-Saint-Hilaire.djvu/270

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
248
PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

lité. Mais le soin qu’il faut apporter à tout cela ne doit en rien sentir l’affectation[1].

LXI

L’art de la vie[2] se rapproche de l’art de la lutte, bien plus que de celui de la danse, puisqu’il y faut toujours être prêt, et inébranlable, à tous les accidents qui peuvent survenir et qu’on ne saurait prévoir.

LXII

Ne cesse jamais d’étudier le caractère des gens dont tu ambitionnes le témoignage[3], et de scruter les principes qui les dirigent. Avec cette précaution, tu ne t’en prendras plus à eux des fautes involontaires qu’ils peuvent commettre, et tu n’auras que faire d’une approbation autre que la

  1. Tout cela ne doit en rien sentir l’affectation. Voilà la vraie limite dans un sens ou dans l’autre.
  2. L’art de la vie. C’est en ce sens que Socrate avait dit que le combat de la vie est le plus beau des combats. Voir la République, liv. X, pag. 265, traduction de M. V. Cousin
  3. Dont tu ambitionnes le témoignage. Ce sont des guides utiles qu’on se donne à soi-même ; et, en voyant comment se dirigent de tels personnages, on apprend mieux à se diriger personnellement.