Page:Pensées de Marc-Aurèle, trad. Barthélemy-Saint-Hilaire.djvu/345

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
323
LIVRE IX, § XII.

XI

Si tu le peux[1], instruis les gens et redresse-les ; si tu y échoues, n’oublie pas que c’est précisément à cet effet que la bienveillance t’a été accordée[2]. Les Dieux mêmes sont cléments pour les êtres qui te résistent ; et à leur égard, tant les Dieux sont bons, ils les aident à se donner[3] santé, richesse et gloire. Tu peux imiter les Dieux[4] ; ou, si tu ne le fais pas, dis-moi qui t’en empêche.

XII

Travaille sans cesse, non pas avec la persuasion que c’est un malheur pour toi de travailler[5],

    également et les Dieux et les hommes. Le Créateur lui-même, l’arbitre de toutes choses, a pu écrire la loi du destin ; mais il y est soumis. Il obéit toujours ; il n’a ordonné qu’une fois. » De la Providence, ch. V.

  1. Si tu le peux. Voir plus haut, liv. V, § 28.
  2. La bienveillance t’a été accordée. La bienveillance doit être prise ici dans le sens de Charité.
  3. Ils les aident à se donner. Peut-être dans bien des cas serait-il plus exact de dire : « Ils les laissent se donner. »
  4. Tu peux imiter les Dieux. Voir le paragraphe précédent et la note.
  5. C’est un malheur pour toi de travailler. Il faut considérer le travail, non pas même comme une nécessité pour l’homme, mais comme un honneur et une dignité. À proprement parler, il n’y a que l’homme qui travaille, et c’est un pri-