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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

qu’il pense, mais dans ce qu’il fait. C’est comme la vertu et le vice, qui, pour lui, ne consistent pas davantage dans la pensée, mais dans l’action.

XVII

Pour le caillou qu’on lance en l’air[1], il n’y a pas plus de mal à redescendre qu’il n’y avait de bien à monter.

    l’individu ; autrement, on arrive à une foule d’erreurs et de paradoxes, où se sont perdus trop souvent les mystiques, sacrifiant les œuvres à la pensée. La foi sans les œuvres n’est presque rien ; et elle peut être bien souvent plus dangereuse qu’utile.

  1. Pour le caillou qu’on lance en l’air. Marc-Aurèle s’est déjà servi d’une comparaison analogue, plus haut, liv. VIII, § 20. Dans ce dernier passage, qui est plus explicite, il s’agit de montrer que l’homme doit se résigner à la destinée qui lui est faite. Sénèque a insisté bien souvent sur ces virils conseils, auxquels se complaît le Stoïcisme : « Pourquoi Dieu souffre-t-il qu’il arrive malheur aux gens de bien ? Non ; il ne le souffre pas. Il a éloigné d’eux tous les maux : les crimes, les forfaits, les pensées coupables, les désirs ambitieux, les aveugles désirs, et l’avarice qui convoite le bien d’autrui ; il veille sur eux et les protège. Ne faut-il pas aussi exiger de Dieu qu’il garde leur bagage ? Ils l’exemptent eux-mêmes de ce soin, en méprisant les choses extérieures. » De la Providence, ch. VI.