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LIVRE IX, § XX.

XVIII

Pénètre au fond de leurs cœurs[1] ; et tu sauras quels juges tu redoutes, et quels juges ils sont aussi à leur propre égard.

XIX

Tout est soumis au changement[2]. Et toi-même tu es sujet à une perpétuelle modification, et, sous certains rapports, à une destruction perpétuelle. L’univers entier est comme toi[3].

XX

Il faut laisser à autrui la faute d’autrui[4].

  1. Pénètre au fond de leurs cœurs. L’idée est juste ; et quoiqu’on puisse dire avec raison que de tels juges sont bien peu compétents, on les redoute cependant, en ce sens tout au moins qu’on recherche leur approbation et qu’on craint leur blâme. Voir plus haut, liv. VI, § 59, ce qui a été dit sur le dédain de la gloire, et la réponse de Pascal.
  2. Tout est soumis au changement. L’observation est exacte ; mais elle contredit ce qui a été dit plus haut, liv. VII, §§ 1 et 47, sur l’uniformité des choses. Du moment qu’il y a changement, il y a nécessairement nouveauté ; car une de ces idées implique l’autre.
  3. L’univers entier est comme toi. Il n’y a que Dieu d’immuable et d’éternel.
  4. Il faut laisser à autrui la faute d’autrui. La concision de cette pensée la rend un peu obscure ; on peut voir des pen-