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LIVRE IX, § XXII.

« Est-ce donc si terrible ? » Ainsi, le terme de la vie tout entière, sa cessation, son changement ne sont pas non plus davantage à craindre.

XXII

Reviens bien vite, reviens en courant à la pensée du principe souverain qui te régit[1], du principe qui régit l’univers, et de celui qui régit l’homme à qui tu parles : à ton principe, pour en faire en toi une intelligence amie de la justice ; au principe souverain de l’univers, pour te rappeler de quel tout tu fais partie ; au principe qui conduit ton interlocuteur, pour savoir s’il agit par ignorance[2] ou de propos délibéré, et ne pas oublier qu’il est de ta famille.

    il besoin d’enlever ce que vous pouvez recevoir ? Cependant, aujourd’hui même, vous n’enlevez rien ; car on n’arrache qu’à celui qui retient. » De la Providence, ch. V.

  1. À la pensée du principe souverain qui te régit. C’est-à-dire à ta raison, qui peut à la fois se sentir en rapport, et avec celle qui régit l’univers, et avec celle qui régit chacun de nos semblables. On ne peut pas donner à l’homme une plus haute idée de ce qu’il est dans le monde et dans la société.
  2. S’il agit par ignorance. Voir plus haut, liv. VIII, § 14.