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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

que sa constitution lui permet ; mais sans doute la leçon t’a suffi.

XXVII

Si les gens te critiquent, s’ils te détestent, s’ils t’accablent de leurs clameurs et de leurs outrages, va droit à leurs âmes[1], pénètres-y et regarde ce qu’ils sont. Tu verras bien vite que tu n’as guère à te tourmenter de l’opinion que de telles gens peuvent avoir de toi. Il faut néanmoins conserver ta bienveillance envers eux[2] ; car la nature veut que vous vous aimiez. Les Dieux mêmes leur viennent en aide[3] de cent manières par les[4]

    l’adresse de ses futurs lecteurs. Il faut toujours se rappeler le caractère tout intime de ces Pensées. Sénèque, portant la parole au nom même de Dieu, a dit : « J’ai placé tous vos biens au-dedans de vous ; votre bonheur est de n’avoir pas besoin de bonheur. » De la Providence, ch. 6.

  1. Va droit à leurs âmes. C’est le conseil très pratique que Marc-Aurèle s’est donné déjà plusieurs fois. Voir plus haut, liv. VI, § 59. Le mieux est peut-être encore de s’interroger soi-même ; et, si l’on trouve qu’on n’est point en faute, de ne tenir aucun compte d’attaques imméritées.
  2. Conserver ta bienveillance envers eux. C’est la charité exercée dans toute sa grandeur et sa magnanimité. Voir plus haut, liv. VI, § 47, à la fin, et liv. VII, § 22.
  3. Les Dieux mêmes leur viennent en aide. Voir plus haut, dans ce livre, § 11.
  4. Par les songes. Marc-Aurèle croyait aux songes. Voir dans le Ier livre, § 17, ce qu’il dit des faveurs que les Dieux lui avaient accordées par ce