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LIVRE X, § VI.

cause extérieure, à produire quoi que ce soit qui puisse lui porter dommage.

En me rappelant donc que je suis personnellement une des parties de ce tout, je recevrai avec reconnaissance[1] tout ce qui pourra m’arriver ; et en tant que je suis en quelque sorte de la famille des parties qui sont de même espèce que moi, je me garde de faire rien de ce qui pourrait blesser la communauté. Bien plus, je penserai sans cesse à ces êtres mes semblables[2], et je dirigerai tous mes efforts vers le bien commun, et me défendrai de tout ce qui pourrait y être contraire.

Ces divers devoirs étant bien remplis, le cours de la vie doit être nécessairement heureux, si tu admets que le citoyen coule réellement une vie heureuse quand il la passe à ne faire que des actes utiles à ses concitoyens[3], et qu’il accepte avec joie la part que lui accorde l’État.

    entier, dont elle fait partie, doit en profiter.

  1. Je recevrai avec reconnaissance. Par une foi magnanime à la sagesse infinie de Dieu, et à sa justice.
  2. Je penserai sans cesse à ces êtres mes semblables. Tous ces préceptes acquièrent une grandeur incomparable quand on songe que Marc-Aurèle a su faire comme empereur tout ce qu’il a si bien exprimé.
  3. Des actes utiles à ses concitoyens. Voir plus haut, liv. II, § 16, ces mêmes pensées rendues avec plus de précision encore.