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LIVRE X, § XII.

entier et il se dévoue à la justice, dans les actes qui dépendent de lui ; il se soumet, pour tout ce peut lui arriver d’ailleurs, à la nature universelle des choses. Quant à ce que les autres hommes pourront dire ou penser de lui, bien plus, quant à ce qu’ils pourront faire contre lui, cette idée ne lui entre même pas dans l’esprit, satisfait de ces deux seuls points[1], à savoir, de pratiquer la justice dans tout ce qu’il fait actuellement, et de toujours se trouver heureux du sort qui lui est actuellement accordé. C’est ainsi qu’on se délivre de toutes les préoccupations, de tous les soucis, et qu’on ne veut rien au monde que marcher sur la droite ligne, en observant la loi, qui est d’obéir à Dieu, dont les sentiers sont toujours droits[2].

XII

Quel besoin as-tu de tant de réflexion dès que tu peux voir ce que tu dois faire[3] ? Si tu l’aper-

    en s’isolant autant que possible de son compagnon.

  1. Satisfait de ces deux seuls points. Ce sont non seulement les deux points essentiels ; mais, de plus, ils renferment toute la destinée de l’homme.
  2. Obéir à Dieu, dont les sentiers sont toujours droits. Personne n’a dit mieux, et personne ne pourra mieux dire.
  3. Vois ce que tu dois faire. La vue du devoir est beaucoup plus facile qu’on ne le pense en général ; et à cet égard, notre