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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

même : « Quel motif cet homme peut-il bien avoir pour faire ce qu’il fait ? » Commence ainsi par toi-même, et soumets-toi le premier à ton examen.

XXXVIII

Dis-toi bien que le principe qui met tes fibres en mouvement[1] est tout intérieur et caché en toi. Ce principe est ce qui te fait parler ; c’est la vie, et, s’il faut le dire d’un mot, c’est l’homme[2]. Ne le confonds jamais dans ta pensée avec le vase qui le renferme, avec les organes dont il est entouré et revêtu. Ils sont à ton usage comme tous les autres instruments, une cognée, par exemple ; et la seule différence, c’est que c’est la nature qui nous les donne. Mais ces parties de ton corps, sans la cause[3] qui en provoque[4] ou en arrête le

    n’est pas assez claire. Le texte, d’ailleurs, n’offre aucune difficulté ; et c’est seulement une explication un peu plus développée qui manque dans ce passage. Au fond, Marc-Aurèle conseille de s’examiner soi-même avant de juger autrui, et de se demander ce qu’on aurait fait à la place de celui qu’on voit agir sous ses yeux.

  1. Le principe qui met tes fibres en mouvement. En d’autres termes, l’âme et la volonté.
  2. C’est l’homme. Distinct de l’organisation matérielle qui lui a été donnée. Ce sont les deux principes dont notre nature se compose, que la conscience nous atteste, et que le Platonisme avait déjà assez nettement distingués.
  3. Sans la cause… L’âme et le libre arbitre.
  4. En pro-