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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

ses tendances personnelles qu’on rendra toutes ses actions uniformes, et que, grâce à cette règle, on se montrera constamment le même.

XXII

Le rat des champs et le rat de ville[1] ; la terreur du premier, et ses trépidations continuelles.

XXIII

Socrate appelait les croyances vulgaires des Lamies[2], vains épouvantails des enfants.

  1. Le rat de ville et le rat des champs. Cette pensée inachevée, et sans forme régulière, est sans doute une note que Marc-Aurèle avait prise pour lui-même. Voir, sur la fable du rat de ville et du rat des champs, Horace, Satires, liv. II, § 6.
  2. Socrate appelait les croyances vulgaires des Lamies. Je ne saurais dire où Socrate a exprimé cette pensée, que je ne trouve pas dans Platon ni dans Xénophon. Dans le Criton, il dédaigne l’opinion du vulgaire, pag. 135, traduction de M. Victor Cousin ; mais ce n’est pas en fait de croyances religieuses, comme Marc-Aurèle semble le supposer ici. Loin de là, Socrate s’est toujours montré sincèrement respectueux du culte national et des croyances reçues. Les Mémoires de Xénophon, les Lois de Platon et la République attestent quels étaient ses sentiments à cet égard. Quand il se moque des Hippocentaures, des Chimères, des Gorgones, des Pégases et autres monstres plus effrayants les uns que les autres, ce n’est pas à des dogmes religieux qu’il s’adresse ; c’est à des superstitions puériles, sans aucune importance. Voir le Phèdre, pag. 8, traduction de M. V. Cousin.