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LIVRE IV, § III.

contre lui devient une matière à s’exercer. C’est comme le feu, quand il dévore les objets qu’on y jette ; ces objets seraient assez volumineux pour éteindre le maigre foyer d’une lampe ; mais le feu toujours plus ardent s’assimile en un instant les matériaux qu’on y entasse ; il les absorbe ; et, nourri par ces mêmes aliments, il n’en est que plus fort et ne s’en élève que plus haut.

II

Ne fais jamais quoi que ce soit à la légère[1] ; et règle uniquement tous tes actes d’après la réflexion, complément nécessaire de la pratique.

III

On va se chercher de lointaines retraites[2] dans les champs, sur le bord de la mer, dans les mon-

  1. Ne fais jamais quoi que ce soit à la légère. Conseil très-pratique, et qu’observent instinctivement les esprits supérieurs en portant une vive attention à tout ce qu’ils font.
  2. On va se chercher de lointaines retraites. La pensée de ce paragraphe est juste au fond ; mais il ne faudrait pas l’exagérer. L’isolement des champs, la retraite dans les diverses conditions où on peut la prendre, aident beaucoup au recueillement de l’âme, que Marc-Aurèle recommande avec tant de sagesse. Ce recueillement est beaucoup plus difficile au milieu