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BIBLIOTHÈQUE DES UNIVERSITÉS DU MIDI

être raisonnable et citoyen du monde, l’art propre à l’homme ou à Dieu. Tout événement m’unit plus intimément à Dieu ou à l’homme[1], aucun n’est pour moi ni nouveau ni intraitable ; tous, au contraire, me sont connus[2] et d’un maniement facile. »

69

Vivre chaque jour comme s’il était le dernier, sans agitation, sans torpeur, sans dissimulation, voilà en quoi consiste la perfection morale.

70

Les Dieux, qui sont immortels, ne s’indignent pas à l’idée d’avoir à supporter pendant [tous les instants d’]une telle durée tant d’êtres méprisables [et à quel degré !] ; que dis-je ? ils leur donnent tous leurs soins. Et toi, tu t’y refuses, toi qui es sur le point de disparaître, toi qui es un de ces êtres méprisables.

71

Combien il est ridicule de ne point chercher à éviter sa propre méchanceté, ce qui est possible, et de vouloir éviter celle des autres, ce qui ne l’est pas !

72

La puissance de raison et de solidarité qui est en nous considère justement comme indigne d’elle tout ce qui n’est ni intelligent ni conforme au bien universel.

73

Quand tu as fait le bien et qu’un autre en a profité, pourquoi rechercher, en outre, comme un insensé, une troisième satisfaction, celle de paraître avoir fait le bien, ou d’être payé de retour ?

74

Personne ne se lasse de ce qui lui est utile. Or, agir conformément à la nature nous est utile. Ne te lasse

  1. [Var. : « me rend plus dieu ou plus homme. »]
  2. [Cf. supra IV, 33 et IV, 44, dernières lignes ; VII, 29, 3e note.]