Page:Pensées de Marc-Aurèle, trad. Couat.djvu/239

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

nous qui créons les jugements que nous portons sur elles, et qui les gravons pour ainsi dire en nous-mêmes, quand nous pourrions ne pas le faire, ou, si nous le faisons par mégarde, les effacer [aussitôt]. Rappelons-nous aussi que cette surveillance durera peu et qu’ensuite notre vie sera finie pour jamais. Que peuvent donc les choses avoir de pénible pour nous ? Si elles sont conformes à ta nature, il faut t’en réjouir et les accueillir de bon cœur ; si elles sont contraires à ta nature, cherche ce qui lui est conforme et tâche de l’atteindre, quand même tu n’en recueillerais aucune gloire : il est bien permis à chacun de chercher son bien propre.

17

Examiner l’origine de chaque objet, [les éléments qui le constituent,] ses transformations, le résultat de ces transformations, et comment il ne peut lui arriver aucun mal.

18

Et d’abord, je dois considérer quel rapport m’unit aux hommes ; comment nous sommes nés les uns pour les autres ; puis, à un autre point de vue, comment je suis né pour leur commander, de même que le bélier ou le taureau commande à son troupeau. Remonte plus haut et pars de ceci : si l’univers n’est pas fait d’atomes, c’est la nature qui gouverne tout ; dans ce cas, les êtres inférieurs ont été créés pour les supérieurs, et ceux-ci les uns pour les autres.


i. [Cf. le début de l’article VIII, 47.]

2. [Ti ’ |iévTOi SûaxoXov aXXw; ê^eiv TaÎTa; Toute la difficulté de cette phrase, qui, ainsi écrite, reste inintelligible, est dans le mot oi’XXw;. On voudrait à sa place pouvoir lire Soxeî; ou |jiXXei <toi. Aucune des conjectures proposées (ni ôxm; de Coraï, — ni oùx aXXw;, de M. Rendall) ne m’a paru satisfaisante. Le sens, d’ailleurs, est peu douteux.]

3. [Ces mots avaient été omis dans la traduction de M. Couat.]

4. [Bien qu’il ait écrit dans sa traduction: « Et d’abord, » je ne crois pas que M. Couat ait entendu conserver dans le texte grec le mot xa\, par lequel commence la pensée : Kai ltpûrov Xtx... M. Rendall (Journ. of Phil., XXIII, p. 157) en donne une explication ingénieuse. Il garde de ce mot les deux lettres K et I, la seconde étant pour lui le signe du nombre 10, et la première l’abréviation du mot xeçàXaia. On verra, en effet, que cette longue pensée comprend dix articles.]

5. [Couat: « quelle est ma situation vis-à-vis des hommes. » — Sur le sens de a^éai;, °f- supra VI, 38, 1" note; VIII, 27, etc.]

6. [Cf. supra V, 3o; VII, 55, etc.]