Page:Pensées de Marc-Aurèle, trad. Couat.djvu/257

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19

Ne sens-tu pas, enfin, que tu as en toi-même quelque chose de meilleur et de plus divin que ce qui cause tes passions et te fait mouvoir tout d’une pièce comme une marionnette ? Qu’est devenue en ce moment ma pensée ? Est-elle de la crainte, des soupçons, du désir, ou quelque chose de semblable ?

20

En premier lieu, ne jamais agir au hasard et sans but. En second lieu, n’avoir jamais d’autre fin que le bien universel.

21

Rappelle-loi que bientôt lu ne seras plus rien, [ni toi,] ni aucune des choses que tu vois, ni aucun des hommes qui vivent en ce moment. Toutes choses sont nées pour changer, s’altérer et disparaître, afin que d’autres choses, toujours renouvelées, naissent à leur place.

22

Tout est dans le jugement, et le jugement dépend de toi. Supprime donc, quand tu le voudras, ton jugement, et pareil au matelot qui a doublé un cap, tu trouveras le calme, l’immobilité et un port sans tempête.

23

Une action quelconque, qui a pris fin en temps opportun, ne reçoit aucun dommage par le fait qu’elle a pris fin. Celui qui l’a accomplie ne reçoit non plus aucun dommage par le fait qu’elle est finie. De même la vie, qui est l’ensemble de nos actions, quand elle prend fin en temps opportun, ne reçoit aucun dommage par le fait qu’elle a pris fin, pas plus que n’en pâtit celui qui en temps opportun interrompt cette suite


i. [Couat : « et t’agite.»— Cf. supra VII; 3, 2" note; II, 2, dernière phrase, rectifiée aux Addenda.]

2. [Cf. supra V, 11 ; X, 24.]

3. [Var. : « suspends. » — Cf. supra XII, 8, derniers mots; II, i5, etc.| ’4- [Cf. supra IX, 2i.]