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approchaient d’une ville, ils quittaient la diligence, et, le bâton à la main, mêlés à la foule des piétons, franchissaient la porte avec assurance, sans éveiller de soupçons.

Le 26 juillet, Pierre De Smet et ses trois compagnons atteignirent Amsterdam, où l’abbé Nerinckx leur avait fait préparer un gîte. Quelques familles catholiques leur témoignèrent un vif intérêt et contribuèrent largement aux frais de leur voyage[1].

Bientôt les neuf jeunes gens se trouvèrent au rendez-vous. Quelques jours seulement les séparaient de l’embarquement. Dans une grande ville, où la circulation est active, et qui regorge d’étrangers, ils pouvaient espérer passer inaperçus. Pierre De Smet se félicitait de ces heureux débuts et se livrait déjà à l’allégresse du prochain départ, lorsqu’une rencontre imprévue faillit tout compromettre.

Malgré les précautions des fugitifs, la nouvelle de leur disparition s’était répandue en Belgique, et leurs parents étaient aux abois.

Josse De Smet était capable de sacrifice. Dans d’autres circonstances, il se serait fait un honneur et une joie de donner à Dieu le meilleur de son sang. Mais il connaissait la nature prompte et un peu changeante de son fils. Il ne doutait pas de sa générosité, mais il se défiait de sa prudence. Sa résolution lui paraissait trop subite. À ses yeux, ce départ était le début d’une vie d’aventures, au terme de laquelle il entrevoyait la misère. Il se décida à faire acte d’autorité. Il envoya son fils Charles à la recherche du fugitif, avec ordre de le ramener, de gré ou de force, à la maison.

  1. Le P. De Smet resta particulièrement reconnaissant aux familles Roothaan, Van Has, Van Damme et Koedijk.