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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

Kowalowka pour me remettre un peu. Je suis ce soir dans une auberge où le poêle et la chemninée fument, de sorte qu’à peine yy vois-je pour écrire.

» Adieu, mon cher Vincent, je finis, car je ne puis plus. »


« Ce jeudi 14 décembre, à Horwol.


« Je suis arrivée cette nuit ici et je me flatte que je n’y serai pas longtemps sans te voir, ou au moins que tu me renverras mon courrier. Tu ne te figures pas quel triste endroit qu’Horwol ! il n’y a personne que l’économe, sa femme et le médecin ; aucune boutique, on ne trouve pas une épingle à acheter. J’ai été obligée de brûler de la chandelle, n’ayant pas pu trouver de la bougie nulle part[1]. Mes fenêtres donnent sur la rivière et à chaque instant je regarde si je ne verrai pas

  1. Non seulement on na trouvait pas de bougies, mais la chandelle était même inconnue dans les villages, où quelquefois l’unique chambre donnée au voyageur pour coucher et pour manger était éclairée par une espèce de bûche de sapin longue de cinq pieds, enfoncée dans une fente de sa cloison et suspendue ainsi au-dessus de sa table, Ce bizarre luminaire brûlait assez bien, grâce à la térébenthine que contenait ses pores. Mais, à chaque instant, des flammèches brûlantes tombaient sur la table ou sur les voyageurs.