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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

souffle léger qui s’échappait de ses lèvres, peu à peu, elle crut s’apercevoir que la respiration devenait plus difficile et sifflante. Le médecin qu’on avait fait venir de Niemirow était reparti ; un cosaque fut aussitôt expédié pour le ramener ; à peine arrivé, il constata que pendant les quelques heures écoulées depuis son départ, l’état de l’enfant s’était aggravé.

— C’est la gorge qui se prend ? demanda Hélène d’une voix étouffée.

Le médecin fit un signe affirmatif.

— Je le savais, dit-elle, mon enfant est perdu !

Tous les efforts pour l’arracher de la chambre furent inutiles. Elle assista pendant douze heures à cette lente agonie dont elle suivait les progrès, sans se faire illusion, connaissant bien ce mal terrible auquel avaient succombé le petit Vincent et le fils cadet de la comtesse Anna.

— Mon Dieu ! murmurait-elle, voulez-vous que je perde mon dernier enfant pour que votre justice s’accomplisse !

Puis elle laissait échapper des mots entrecoupés dont on devinait le sens :

— Pourtant j’ai soigné l’autre au péril de ma vie !… Sa mère ne le croit pas et elle m’a maudite !…