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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

des cierges dans toute la chambre, le prêtre et deux femmes prièrent à genoux pendant la journée.

La comtesse immobile et les yeux fixes resta jusqu’au soir à la même place, puis elle regagna lentement sa chambre gardant toujours le silence. Le médecin obtint cependant qu’elle prît quelque nourriture et parvint à glisser un calmant dans sa boisson sans qu’elle s’en aperçût. Elle dormit toute la nuit d’un sommeil lourd et profond. Le lendemain matin, elle s’éveilla en sursaut, les volets de sa chambre et de la pièce voisine étaient fermés afin qu’elle ne vît pas le triste cortège. Mais elle devina ce qui se passait, et s’élançant vers la porte malgré les efforts de ses femmes, elle arriva sur la terrasse au moment où on enlevait l’enfant.

À peine vêtue, elle descendit lentement les marches du perron, écartant d’un geste impérieux les serviteurs qui voulaient lui barrer le passage ; elle prit le bras du marquis de Badens et marcha avec lui derrière le cercueil. Ils entrèrent dans la petite église, et, durant le service funèbre, Hélène resta agenouillée, immobile comme une statue. Mais au moment où l’on descendit l’enfant dans le caveau où reposaient déjà son frère