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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

quis de Conflans, madame de Coigny, madame de Sabran, la princesse Clary et tant d’autres ! Ici, la conversation stupide de la vieille générale, de madame Hoffmann « ennuyeuse à la mort », les sottes histoires des gens de Brody racontées par le curé, puis une monotone partie de quinze dans un salon glacial et délabré, après quoi, pour suprême distraction, on cuit des pommes à la portugaise !

Le comte, silencieux et sombre, absorbé par ses affaires, passait des journées entières, enfermé dans son appartement avec ses secrétaires, ses chancellistes et ses officialistes.

Hélène ne tenait aucun compte des sérieuses préoccupations de son mari[1] ; n’ayant que lui pour consolation, elle eût voulu qu’il s’occupât d’elle du matin au soir. Quand elle se vit seule pendant la moitié du jour, un profond découragement s’empara d’elle, sa santé déjà ébranlée s’al-

  1. Les partages successifs de la Pologne avaient amené dans les fortunes privées un bouleversement total. La plupart des grands seigneurs possédaient des terres dans toutes les provinces du royaume ; elles se trouvèrent, après le démembrement, situées en Autriche, en Prusse et en Russie et soumises, par conséquent, à trois régimes différents. Les lois, les impôts, les monnaies, les coutumes varièrent selon la nationalité. De là des difficultés d’administration et de comptabilité parfois inextricables.