Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/253

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
245
LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

sa fille, à l’injustice des donations imprudentes par lesquelles elle l’avait dépouillée de l’hêritage qui lui était dû ! Puis elle relut les deux lettres de Sidonie et y découvrit, sous cette impression nouvelle, des nuances de tendresse inaperçues jusqu’alors. Elle saisit une plume et écrivit longuement à son enfant, mais elle cacha cette lettre au comte et chargea le chevalier Kownacki de la faire parvenir.

L’espèce d’accalmie qui suivit l’aventure de la Karwoska ne fut pas de longue durée, la mésintelligence entre les deux époux prit un caractère aigu. Hélène, trop passionnée pour être adroite, n’évitait jamais, malgré ses promesses, le terrain brûlant de l’infidélité de son mari. Elle poussa l’imprudence jusqu’à en parler clairement devant des gens du voisinage, qui ne manquèrent pas de le répéter ; le comte en fut informé. Une autre fois, en proie à un mouvement de colère, la comtesse dit à Hlistz et à Wolff que le Grand-Chambellan, manquant à sa parole, avait joué et perdu des sommes folles à Pétersbourg, courtisé toutes les femmes et fort mal conduit ses affaires ; qu’elle-même eût obtenu des conditions cent fois meilleures s’il l’eût laissé faire. Au moment où elle débitait cette diatribe, son mari rentrait dans