Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/265

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
257
LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

sec, mais la comtesse craignait si fort un refus qu’elle s’en contenta et fit atteler aussitôt.

En suivant la route qu’elle avait parcourue peu de jours auparavant, Hélène arrangeait dans sa tête la façon dont elle aborderait son mari, sans compromettre sa réserve et sa dignité, car, tout en étant résolue à pardonner, elle tenait à faire sentir le prix de sa générosité.

À quatre heures de l’après-midi, elle rentra dans la cour d’Ostrowicz ; le comte, debout devant la maison, l’attendait à la même place où elle l’avait quitté. En le voyant, elle sentit son cœur battre à se rompre, elle sauta hors de la voiture sans attendre qu’il lui offrit la main et s’élança vers lui. Le comte l’entraîna rapidement dans son appartement, car « il n’aimait pas les scènes de tendresse devant témoins ».

« Ainsi, dit Hélène à peine entrée chez elle, tu ne m’en veux pas d’être revenue ? » — « Je t’en veux d’être partie », répondit le comte en l’embrassant tendrement. Elle cacha sa tête sur l’épaule de son mari et demeura ainsi quelques instants étroitement pressée entre ses bras, puis, laissant échapper un long soupir : « Que je t’aime, mon Vincent ! » murmura-t-elle. Et c’est ainsi que sa dignité s’envola devant le premier baiser de son mari.