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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

gloire de la nation et l’Opéra la vanité. » — « Bon ! » répliqua madame de Coaslin, « pour peu que vous répétiez cela, ma chère, il n’y aura plus un chat à l’Opéra. Les Français sont sous le joug au point que, si l’empereur annonçait qu’il ne voulait régner que sur des cyclopes, chacun s’empresserait à se faire crever un œil ! Quant à moi, je ne comprendrai jamais qu’une femme comme vous, marquise, se montre à cette cour ni chez des parvenues où l’on donne le soir de la bière et de l’eau sucrée, c’est une horreur ! Elles ne savent pas même tenir maison, et sont d’une vanité ridicule ! »

» Madame de Coigny, un peu piquée, riposta qu’en fait de vanité ridicule, les exemples ne manquaient pas dans l’ancienne cour. « Je me souviens même d’une anecdote qui m’a été contée par mon père[1], dit-elle ; l’archevêque de Paris, monseigneur de Beaumont, était fort glorieux et manquait souvent de tact, il se vanta un jour devant mon père d’avoir eu un aïeul dont un Conflans portait le pan du manteau. — Je le crois, monseigneur, répondit

  1. Son père était le marquis de Conflans, célèbre par ses bons mots et son esprit mordant ; le prince de Ligne le cite souvent.