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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

caractère et sa parfaite politesse pour n’en rien faire voir. Cependant il ne put s’empêcher de laisser percer une imperceptible pointe d’ironie dont il était difficile de se fâcher. Il s’empressa de lui rendre sa visite, et madame de Staël s’excusant en termes recherchés de la petitesse de l’appartement dans lequel elle recevait le prince. « Comment donc, madame, interrompit celui-ci, mais, avec vous, on est toujours sur le Parnasse ! » La baronne, en femme d’esprit, feignit de prendre cette phrase pour un compliment.

À ces petites hostilités succéda bientôt de part et d’autre une affection véritable. Oubliant les légers travers de sa nouvelle amie, le prince ne tarda pas à rendre justice aux éminentes qualités de cette nature d’élite.

À peine le jeune couple fut-il arrivé qu’on organisa une représentation théâtrale, car madame de Staël partageait la passion du prince pour la comédie de société. On monta les Femmes savantes ; nous ne voudrions pas jurer qu’il n’entrât un grain de malice dans ce choix fait par le prince. Madame de Staël, sans paraître s’en apercevoir, joua Philaminte de fort bonne grâce et avec beaucoup d’esprit, le comte de