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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

peux juger que mon cœur, partagé entre l’amour que je t’ai voué, et qui n’a pas cessé un instant de m’animer depuis que je te connais, et la cruelle incertitude d’être peut-être le jouet d’un cœur dur et cruel, me rendait l’existence affreuse, quand Michel, comme l’ange dont il porte le nom, est venu me porter la paix et la consolation. Oui, mon cher Vincent, je le jure par le pur et puissant amour que je te porte, mes soupçons sont détruits, je ne crois et ne veux croire que toi, ta lettre respire la sincérité et la vérité. Que l’affreuse délation retombe sur ses auteurs ! Je la méprise et la crois fausse. L’esprit tranquille, le cœur content, je vais m’occuper du choix de nos effets à transporter à Paris. Je partirai pleine de confiance en ton honneur, en ta tendresse, la mienne est encore augmentée par cette tribulation passagère. Juge de son excès, et s’il me sera possible de vivre longtemps sans te presser contre mon cœur. Adieu, mon cher Vincent, je te serre et t’embrasse de toute mon âme, si j’ai laissé subsister ma première lettre, c’est pour que tu juges par les combats de mon cœur à quel point tu en es le maître. »

Cette accalmie dura peu, car dès le lendemain une nouvelle lettre ou des renseignements de