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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

mains et criant : « Vive Louis XVIII ! » Quand il passait, la foule criait : « Vive le roi ! » Enfin l’armée en bon ordre parut : il y avait cent mille hommes qui n’achevèrent de passer qu’à la nuit, mais quand il y en eut passé vingt mille, on vit l’empereur Alexandre, le roi de Prusse, les princes de leur famille, le grand-duc Constantin, le prince de Schwarzenberg, les généraux, etc. J’étais chez madame de Coislin[1] dès neuf heures et demie avec mesdames de Chalais, de Caylus, de Boufflers, d’Avaray, de Brancas et autres ; chacune avait apporté des centaines de cocardes et nous en jetions par le balcon à tous ceux qui en demandaient. Quand nous n’en eûmes plus, nous coupâmes nos mouchoirs, mais nous nous aperçûmes que beaucoup de polissons nous en demandaient pour aller les revendre. Le tour de la place se remplit bientôt de petits marchands qui en avaient des paniers remplis, elles furent toutes enlevées.

Au passage des souverains et des troupes, la foule remplissait la place ; les fenêtres des maisons retentirent des cris : « Vive Alexandre ! vive le roi, vive Louis XVIII ! vivent nos libéra-

  1. Madame de Goislin habitait un des hôtels de la place Louis XV, à côté du Garde-Meuble.