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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

daient l’entrée des souverains sur les boulevards. C’était curieux de les voir, tenant leur cheval par la bride, pendant que deux ou trois femmes étaient montées dessus pour mieux voir. On s’était tellement familiarisé avec eux, la confiance était tellement établie que des mères leurs confiaient leurs enfants pour les élever au-dessus des têtes, afin qu’ils jouissent de ce surprenant et inconcevable spectacle d’une armée ennemie et victorieuse faisant son entrée au milieu des bénédictions et de la joie publique… »

Les deux Potocki et le général de Witt vinrent déjeuner chez la comtesse, et comme on avait fait courir le bruit que les Russes mangeaient les petits enfants, elle s’excusa de la mauvaise chère qu’elle leur ferait faire, disant : « Je n’ai pu me procurer un petit enfant rôti. » Elle raconte que M. de Talleyrand, interrogé sur ce qu’il pensait lors du passage du Rhin sur l’entrée des alliés en France a répondu : — C’est le commencement de la fin. « Dès cemoment, dit-elle, il travailla à s’arranger avec les Bourbons : On fait des quolibets sur les comtes de la fabrique de Bonaparte ; il y en a de quatre sortes : 1o les sénateurs, les comtes bleus, 2o les chambellans, les comtes à dormir debout, 3o les officiers d’ordonnance, les comtes