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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

ils les traînent impitoyablement dans toute la ville, s’arrêtant à chaque carrefour pour les pendre, puis hésitant et recommençant leur lugubre marche[1].

Ce supplice dura sept heures. Enfin les bourreaux s’arrêtèrent vers le soir devant la cathédrale bâtie par le prince-évêque lui-même[2]. Quatre potences furent dressées, et, malgré les efforts de quelques habitants et, dit-on, de Kosciusko lui-même, le malheureux prince-évêque, le prince Czerwertinsky, Pierre Ozarovoski, grand général de Pologne et un quatrième accusé virent se terminer leur effroyable agonie par la mort infamante du gibet[3].

La nouvelle de cette tragique catastrophe arriva à Kowalowka quinze jours après ; toutes

  1. Le maréchal comte Moschinsky était parmi les prisonniers. Deux fois, pendant cette terrible journée, il échappa au supplice grâce à son éloquence, et il fut ramené en prison après avoir subi le spectacle affreux de la mort de ses quatre compagnons d’infortune. Un témoin oculaire dit qu’il racontait encore ce terrible épisode d’une manière saisissante en 1825 {Voir le Voyage en Pologne du comte de La Garde).
  2. Il l’avait fait construire sur les ruines d’un temple grec.
  3. Histoire de la Révolution française, par le comte Stanislas Araminski. — Ferrand, Histoire des démembrements de la Pologne, t. III, p.440. — Papiers du résident de Saxe à Varsovie. — Notes de la comtesse Hélène.