Page:Pergameni - La Satire au XVIe siècle et les Tragiques d’Agrippa d’Aubigné, 1882.djvu/11

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comme disait Balzac, « ce concile perpétuel des Gaules », d'après Voltaire, appuyée de ses innombrables bataillons de docteurs et de théologiens.

Le Parlement les suivait ; il leur prêtait sa police, sa procédure secrète, ses vieux préjugés autoritaires ; il était le bras séculier presque toujours prêt à exécuter les arrêts de l'Inquisition et à envoyer au bûcher ceux qui attaquaient l'Eglise.

En face de cette citadelle des vieilles idées, l'âme et le noyau du parti catholique, se rangent, dès les premiers jours du siècle, tous ceux que l'esprit de la Renaissance inspire, libres penseurs, libres artistes, libres citoyens, soldats d'abord dispersés, combattant en tirailleurs, mais bientôt groupés en légions compactes sous les plis du drapeau protestant.

Entre ces deux partis, tous deux intolérants, tous deux absolus dans leurs tendances, tous deux imprégnés de fanatisme religieux, mais dont l'un ne représente plus, au fond, que le passé qui s'écroule, tandis que l'autre contient en germe l'avenir, quel rôle va jouer l'État, c'est-à-dire la royauté ? Question redoutable dont la solution décidera du sort de la bataille !

La royauté avait un beau rôle à remplir : elle avait à représenter la France, la France laborieuse et paisible, à prendre pour drapeau la tolérance, à marcher d'un pas ferme dans la large voie que lui ouvrait si bien le clair génie de Rabelais ; elle devait se mettre à la tête de cette masse nationale qui ne rêvait ni guerres civiles, ni guerres de religion, qui ne demandait que la paix et qu'on allait appeler un jour le parti des Politiques.

Mais la race des derniers Valois n'avait pas même conscience de cette haute mission. François Ier, l'allié des protestants allemands, le créateur du Collège de France, laissait massacrer les Vaudois de Provence ; Henri II s'endormait dans la débauche et, pour plaire à une vieille maîtresse, faisait établir en France le saint-office du sombre Paul IV, forçait le Parlement à enregistrer l'édit meurtrier de 1557, qui allait